Le Stade Rennais n’a pas progressé

“Les 4 premiers matchs jusqu’à la trêve internationale vont montrer si le club a progressé”. En conférence de presse, à l’aube du premier rendez-vous en championnat, Bruno Genesio disait vouloir attendre début septembre pour tirer les premiers enseignements. Au sortir des cinq premières rencontres, le constat est sans équivoque.

Un mercato en deux-temps

Indéniablement, la période de transferts récente s’est conclue sur une note de frustration pour une bonne partie des supporters rennais. Pourtant, le début de l’été laissait présager une issue quelque peu différente. Blas, Le Fée ou encore Gallon ayant rapidement rejoint les rangs du club, la volonté était claire : recruter rapidement les profils ciblés, tout en conservant l’ossature.

Jusqu’à la mi-août, et bien qu’Ugochukwu (transféré à Chelsea)  prenait de l’ampleur dans le collectif, seul le départ acté depuis un moment maintenant d’Hamari Traoré allait à l’encontre de ce souhait. 

Mais les rumeurs allant bon train, les supporters n’étaient pas dupes quant à la suite des évènements. En effet, si on n’ose toujours se l’avouer, il était difficile d’imaginer autre scénario que les départs cumulés des maitres à jouer de la saison 21/22, L.Majer (Wolfsburg) et F.Tait (Samsunspor, acté plus tard). Un goût d’inachevé pour le premier, une incompréhension à l’égard du second, mais surtout deux joueurs qui n’auront pas eu l’influence escomptée la saison passée…

Alors, qu’est-il reproché au club et ses dirigeants ? À ce stade, pas grand-chose… D’autant que le chagrin causé par le départ du Croate a été compensé par l’arrivée d’un géant des Balkans, le Serbe Nemanja Matic. Homme de base du système de Mourinho à la Roma, dans le XI-type de l’Europa League la saison passée et doté d’une expérience inégalée à Rennes.

Finalement, l’enthousiasme va progressivement retomber jusqu’à l’annonce du transfert inéluctable de Jérémy Doku (Manchester City), 10 jours plus tard. Les dés semblaient jetés depuis une fin de saison en boulet de canon et une reprise du même acabit. Oui, mais voilà, rien n’est acté sans l’apposition de la signature sur le contrat. Tout comme il demeure l’espoir de compléter l’effectif d’ici au 1ᵉʳ septembre…

En quête d’un numéro 9 athlétique ainsi que d’un milieu box to box, Rennes se rabat respectivement sur le Turc Bertug Yildirim (ex-Hatayspor) et le Suisse Fabian Rieder, en provenance des Young Boys de Berne.

Le Stade Rennais rattrapé par son vécu

Alors, si l’on ne s’en tient qu’aux profils recherchés, les recrues sont belles et bien là. Mais avec des départs lucratifs, force est de constater que le club, déjà bien géré financièrement, avait d’autant plus de moyens pour investir. Sur la lignée des derniers mercatos. Ce qui a d’ailleurs valu au Stade Rennais l’image de club dépensier, et les regards légitimement braqués sur lui.

En l’occurrence, pour une sixième saison consécutive en coupe d’Europe, on pouvait s’attendre à voir le club accueillir un arrière central plus expérimenté. Si manifestement l’idée a été étudiée, les dirigeants ont choisi de renouveler leur confiance aux mêmes hommes… ou presque, avec le retour de prêt de Joe Rodon, non conservé. Pareil à droite de la défense où il a rapidement été acté que la solution interne serait privilégiée.

Paradoxalement, le coach rennais, soulignant un « manque de maturité » à de nombreuses reprises depuis sa prise de fonction en mars 2023, avait pensé la période des transferts plus tôt dans l’année. En bon communicant ou conscient des nombreuses tentatives de ses dirigeants, désamorcées cet été, il semblait plus récemment paré à toutes contraintes. Il faut dire qu’il avait déjà dû composer avec trois défenseurs centraux de métier (Badé, Aguerd et Omari), pour sa première saison complète en Ille-et-Vilaine, le forçant à faire redescendre B.Santamaria d’un cran, un temps dans la saison.

En somme, le mercato rennais est l’Illustration parfaite de la difficulté à attirer des noms dans la fleur de l’âge et de ne pas toujours se muer comme une passerelle vers le très haut niveau. Pour cela, le Stade Rennais devra continuer de grandir, lui aussi.

Un début de saison contrariant

Le Stade Rennais disposait jusqu’ici d’un match par semaine pour monter en régime jusqu’à l’entrée en lice en C3. Toujours invaincus, les Bretons stagnent depuis quatre rencontres.

Au terme d’une préparation réussie, le match contre Wolverhampton laissait néanmoins entrevoir certains doutes. Des doutes qui s’étaient estompés après un large succès à domicile (5-1) contre le promu Messin, mais qui sont réapparus dès le premier gros test, à Lens (1-1). Puis, contre Le Havre (2-2), à Brest (0-0), et le week-end dernier donc, lors de la réception du LOSC (2-2).

Plus que les résultats, ce sont les prestations qui soulèvent des interrogations. Car, si le Stade Rennais ne concède pas pléthore d’occasions, il n’est parvenu qu’une fois à garder sa cage inviolée. C’était lors d’une prestation insipide chez le voisin brestois. Dans l’autre surface, les Rouge & Noir peinent à se montrer dangereux. Et défaillants dans ce domaine, ils ne peuvent, pour le moment, compter sur les coups de pieds arrêtés.

Au même stade que la saison passée

À l’instar de son capitaine, Benjamin Bourigeaud, le Stade Rennais peine à véritablement lancer sa saison au mois d’août. Encore en rodage, avec 7 points pris sur 15 possibles, le club compte le même nombre de points que l’année dernière, à la même période. Or, il avait déjà perdu deux fois, dont un match à Lens justement.

Si les faits sont têtus, le Stade Rennais n’a pas (encore) franchi un cap. Alors que l’exigence des supporters, elle, ne cesse d’augmenter. Ce qui ne saurait justifier les sifflets dans les travées du Roazhon Park, surtout à la sortie d’un milieu tant approuvé dans le recrutement, en la personne d’Enzo Le Fée. Preuve en est que la « culture de l’instant » est reine dans ce monde.

Nous ne sommes qu’à la mi-septembre et le club aura bien besoin de ses supporters dans deux jours, si tant est qu’il faille “surmonter les premières difficultés” ensemble.

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